Je suis rentrée en France et j’ai eu la chance d’être rapidement embauchée par une association qui cherchait des personnes de bonne volonté pour rendre visite à des personnes âgées, souvent malades, vivant seules chez elle, sans lien social. Je suis devenue « dame de compagnie ». L’une de mes rencontres m’a particulièrement marquée.
Mme D., à qui je rends visite une fois par semaine est atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé. Elle ne me reconnaît pas. Chaque visite est une nouvelle rencontre. Les moments ensemble peuvent se passer aussi bien dans la douceur, avec des grandes caresses de sa part et un sourire qui fait fondre, que dans l'agressivité, les insultes, les grimaces...
Cette ambivalence est loin d'être facile à gérer, et je me sens très souvent bien démunie. Le jour, et l'unique fois, où elle a prononcé mon prénom, "Laetitia", a été comme une récompense suprême. Une immense émotion pour moi ! La joie de la relation avec les personnes très atteintes par la maladie se trouve dans les choses très simples, dans l'inattendu, et dans le tout petit. J'ai saisi à ce moment l'importance de persévérer et me présenter à chaque fois, "Bonjour Mme D., c'est Laetitia". Répéter, une fois, deux fois, trois fois, autant de fois que nécessaire, et ne JAMAIS se dire que "cela ne sert à rien".
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